Je ne vivais pas la meilleure période de ma vie. L'ambiance était tendue avec ma femme vis à vis de notre renouvellement de voeux, je n'arrivais pas à discuter sereinement avec Renesmée de sa relation qu'elle entretenait avec Jacob. Puis est arrivé Ambre et avec elle tout mon passé. Sans parler des craintes et des doutes, de la déception et de l'admiration, de la haine et de l'amour, de la joie et de la peine. Je ne savais plus où mettre la tête, ni même ce que pouvait penser mon coeur. J'espérais au fond de moi que cela n'était qu'un cauchemar, une caméra cachée ou bien une blague de mon épouse... Enfin quelle épouse déciderait de faire une farce pareille à son tendre et cher? Je ne savais plus depuis combien de temps j'errais sur le sentier. Une minute, une heure? ou peut-être deux. Mes pas se faufilaient au milieu des arbres, évitant racines après racines, revenant sur mes traces pour mieux repartir. J'essayais de trouver une excuse, un moyen d'aborder le sujet avec Bella. Mais rien de bien censé me venait à l'esprit. En même temps, rien n'était censé dans ma vie. J'étais un vampire, marié, père d'une jeune fille qui avait neuf ans et en paraissait dix-sept et d'une seconde hybride de ma vie antérieure qui venait d'arriver. Je m'appuyais contre un tronc, me prenant la tête entre les mains. J'étais perdu et ce pour la première fois depuis tellement longtemps. Une odeur familière arriva à mon nez...du sang...comme si c'était le moment! Pourquoi il fallait toujours compliqué la vie d'un vampire? J'humais l'air frais qui m'entourait, sentant ma proie se rapprochait de moi. Je pensais pourtant être seul. Je grimpais avec une aisance remarquable sur une branche au dessus de moi. J'aperçus une jeune femme athlétique faisant son jogging. Son sang était alléchant, l'envie était tellement forte. Mes mains se serrèrent autour de l'arbre sentant le bois se fendre autour de mes doigts. La tentation n'avait pas été aussi forte, depuis tellement longtemps. Malgré mon végétarisme ancien, le sang humain m'attirait encore. Je ne savais pas si cela était du à mon état mental actuel ou bien simplement une envie comme une autre. Je suivais la jeune femme d'arbre en arbre, me rapprochant un peu plus à chaque foulée. Je connaissais ces bois mieux que quiconque, je savais exactement à quel moment attaquer. Je me faisais dans ma tête le plan d'attaque à suivre. Comme si cela enlèverait un poids de ma conscience. Au détour du chemin, je me jetais corps et âme sur la jeune femme, qui, de peur, n'eut le temps de réagir. Je ne lui laissais pas l'occasion de se débattre que mes crocs vinrent caresser violemment la peau de son cou, rassasiant ma gorge de son sang chaud. La frénésie s'empara de moi, m'obligeant à puiser encore plus profond dans les veines de la joggeuse inerte. Ses cheveux blonds se tachaient de son sang. Mon corps se raidit au bruit des talus de feuilles. Quelqu'un s'approchait. Par réflexe, je poussa le corps en dehors du sentier, espérant que personne ne puisse m'apercevoir. Mais l'odeur qui me parvenait m'était connue. La panique m'envahit, mais il était trop tard pour pouvoir réparer l'acte que je venais de commettre. Bella se trouvait derrière moi. Tête basse, je ne voulais pas croiser son regard, ni même imaginer sa réaction. Je restais là, sonné par le barbarisme qui m'habitait, conscient de la déception que je procurais à mon épouse. Je ne voulais pas qu'elle s'approche de moi ni même qu'elle continue de voir cette scène. Quelle image aurait-elle de son époux après cela?
Vas t'en! Ma voix sonnait comme un glas au combat. L'ordre que je venais de donner à mon épouse était inhabituel, et montrait le désespoir contre lequel je me battais depuis longtemps.